Histoire et origine



Située aux confins montagneux des trois plus vieilles paroisses du comté de Deux-Montagnes, la paroisse village du Patronage de Saint-Joseph évoque une ville perchée sur la montagne. Ce véritable coin de paradis, réputé autrefois pour ses fruits et ses sources d’eau, charme aujourd’hui par ses vergers en fleurs au printemps, offrant l’un des paysages les plus pittoresques et attachants au nord de Montréal. À 600 pieds d’altitude, son panorama saisissant permet d’embrasser du regard le mont Royal et une vingtaine de villages, reconnaissables à leurs clochers qui percent l’horizon.

L’implantation de l’Institut agricole d’Oka en 1893, fondé par les Trappistes à la demande du gouvernement du Québec, a joué un rôle clé dans l’orientation agricole de la région. Cet établissement a contribué au développement de la culture fruitière, qui fait aujourd’hui la richesse et la renommée de Saint-Joseph-du-Lac.

Le territoire de la municipalité a longtemps fait partie de la seigneurie du Lac des Deux-Montagnes, concédée le 17 octobre 1717 aux Ecclésiastiques du Séminaire de Saint-Sulpice de Paris, déjà seigneurs de l’île de Montréal. Leur objectif était d’y installer les Amérindiens du Sault-au-Récollet afin de les éloigner des trafiquants de fourrure. La mission du Lac, située sur la pointe de l’actuel village d’Oka, accapara les efforts des Sulpiciens, retardant ainsi l’arrivée des premiers colons.

Ce n’est qu’à partir de 1782 que les premières terres furent concédées sur le territoire alors appelé la côte Saint-Joseph. Joseph Turpin fils, originaire de Sainte-Geneviève sur l’Île de Montréal, et Pascal Carrière furent les premiers à obtenir chacun une terre de trois arpents de profondeur.

L’année suivante, en 1783, les Sulpiciens accordèrent un total de 25 concessions. Les terres s’étendaient de part et d’autre d’un chemin de 24 pieds de large, connu sous le nom de côte Saint-Joseph, qui deviendra plus tard le chemin Principal. En seulement dix ans, de 1782 à 1793, les 81 terres de la côte Saint-Joseph furent concédées à de nouveaux colons. Puis, en 1803, le chemin fut prolongé vers le nord afin de relier les habitants à Saint-Benoît, facilitant ainsi le développement de la région.

Les difficultés de la colonisation

À partir de 1815, et surtout après 1820, les terres de la côte Saint-Joseph commencent à se morceler, conséquence d’un manque de nouvelles concessions disponibles dans la seigneurie. Parallèlement, les colons font face à de sérieuses difficultés agricoles, notamment avec la culture du blé. La concurrence du blé du Haut-Canada, les mauvaises récoltes de 1827-1828 et le fardeau des rentes seigneuriales entraînent la misère et la faillite de plusieurs cultivateurs. Certains vendent alors leurs terres au plus offrant, attirant de nouveaux propriétaires, dont plusieurs Écossais comme les McGillis, Walker, McCole et McGregor.

Les anciens colons, eux, restent et deviennent de plus en plus réceptifs aux idées des chefs patriotes tels que Louis-Joseph Papineau, le notaire Jean-Joseph Girouard de Saint-Benoît et le médecin Jean-Olivier Chénier de Saint-Eustache. En 1834, la majeure partie de la côte Saint-Joseph est rattachée à la paroisse de Saint-Eustache.

À l’été 1837, le mouvement patriote gagne en intensité à Saint-Joseph : plus de soixante familles, soit près de 75 % de la population, s’impliquent activement dans le soulèvement. Dans la nuit du 14 au 15 décembre 1837, appelée la « nuit rouge », les habitants de Saint-Joseph aperçoivent les flammes ravager plus de 60 maisons du village de Saint-Eustache. Épargnée par les pillages et les incendies, la côte Saint-Joseph voit toutefois plusieurs familles patriotes quitter la région entre 1838 et 1840.

Ceux qui restent adoptent un mode de vie agricole axé sur l’autosuffisance, qui perdurera jusqu’aux années 1860. La pomme de terre et l’avoine dominent les cultures, représentant à elles seules les quatre cinquièmes des récoltes.

La création de la municipalité

La municipalité de Saint-Joseph-du-Lac semble avoir été officiellement érigée le 1er juillet 1855, conformément à la quatrième loi municipale. Cette loi stipulait que toute paroisse établie à des fins religieuses ou civiles, comptant plus de 300 âmes, devenait automatiquement une municipalité. Faute de documents officiels attestant de son incorporation, cette date fait aujourd’hui consensus.

À sa création, la municipalité comprend le rang double de la côte Saint-Joseph ainsi que les terres des concessions de la Baie. Son territoire s’étend sur environ 10 kilomètres, du lac des Deux-Montagnes jusqu’aux limites de la paroisse de Saint-Benoît, avec une largeur de 3,5 kilomètres. À cette époque, la population atteint 1 020 habitants répartis dans environ 180 familles.

Les premières figures dirigeantes de la paroisse et de la municipalité sont, pour la plupart, d’anciens patriotes. Parmi eux, Thomas Gemme dit « Carrière » fait don du terrain où seront construits les édifices religieux, tandis que Noël Joannette, premier maire de la municipalité, soutient le curé Bourgeault dans l’organisation paroissiale. De 1853 à 1856, ils mettent tout en œuvre pour assurer le développement et le succès de leur communauté.

Pendant près de 80 ans, la population de Saint-Joseph-du-Lac reste relativement stable. Ce n’est qu’à partir des années 1970 que l’on observe une véritable croissance démographique, stimulée notamment par la construction de l’autoroute 640. Ce nouvel axe routier favorise l’essor de plusieurs développements résidentiels, comme la rue Clément et le domaine de la Pommeraie. Durant les deux décennies suivantes, d’autres secteurs voient le jour, dont Paquin, Brunet et du Parc, marquant l’émergence d’un réseau de rues résidentielles structurées.

Avec l’entrée dans le nouveau millénaire, la municipalité poursuit son expansion. En l’espace de 20 ans, sa population double, atteignant plus de 6 800 habitants en 2018.

Si l’industrie de la pomme demeure le pilier de l’économie locale, elle cohabite désormais avec une forte demande résidentielle. Afin de préserver les vergers, les nouveaux quartiers se développent principalement dans la partie basse de Saint-Joseph, permettant ainsi de conserver intact le cœur villageois et tout le charme qui le caractérise.